Le Château de Miolans

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Exposition Souvenirs de Voyage

Photographies de Jean Claude GUITER et de son père François.
Ce dernier fut nageur de combat, d’où les très nombreuses photographies de fonds sous-marins ; il entra chez ELF et promut le lancement de la Formule 1 en suivant les très nombreux grands prix.
Il n’aura de cesse de prendre de très nombreuses photographies avec son fils Jean Claude.

Jean Claude GUITER - Réalisateur, Chef Opérateur, Photographe

Cinéaste depuis 1981, il a filmé et réalisé des films documentaires et des sujets magazines diffusés en France sur TF1, France 2,3,5, Canal+, Arte, M6, Eurosport et dans de nombreuses télévisions à l’étranger : Discovery Channel, PBS,NHK,RTL, Globo TV,TV Cultura,...

Réalisation de Films institutionnels : Renault, PSA, Michelin, Alsthom, Orange,Total, Airbus, Carrefour, Bouygues,Universal Music, Sony/BMG, Emi, Warner, Philip Morris, Altadis…
Réalisation de Publicités : Renault : Captur Call, Captur vs Helly Hansen : the Norwegian adventure, Kadjar Quest

Portrait de François GUITER par Gilles GAIGNAULT

L’homme qui a relancé au milieu des années 60, le sport automobile Français avec l’entreprise ELF. La société pétrolière qui est rapidement devenue l’un des plus importants sponsors dans l’univers des sports mécaniques, toutes disciplines confondues.

Nageur de combat, plongeur, François Guiter a lancé de nombreux pilotes dans le grand bain…de la F1 ! Car cet amoureux de la nature, passionné de chasse, a mené plusieurs carrières dans sa vie. Militaire, cinéaste, publicitaire entre autres, celui qui a travaillé aussi bien avec les inoubliables Commandant Cousteau et autres Haroun Tazieff, a surtout contribué à l’essor du pétrolier Elf et tenu un rôle majeur dans le sport automobile.

Dans un ouvrage qu’il distribuait avec discrétion à ses proches, François Guiter, confiait :
“ Moi qui venais du monde du silence, la mer, imaginez vous, je me suis retrouvé dans ce bruit. Et cela a duré plus de trente ans. Je compte 500 week end de course, F1, F2, F3…Le Mans, rallye, moto.“

François Guiter, le patron de la communication et de la compétition, orchestre le lancement de la marque ELF, une certaine nuit d’avril 1967, avec le slogan ‘Roulez vers les Ronds Rouges’.

C’est lui aussi qui lance Elf dans la compétition automobile, en étant à l’origine de l’accord Matra-Elf. Du coup, François Guiter, est rapidement devenu le personnage incontournable de la compétition automobile en France et sur toutes les pistes du monde.

C’est lui encore qui après le retrait de Matra, va pousser Renault à se lancer en Formule 1, commandant à la Régie Renault, un moteur de course, le fameux 1500cc Turbo.

François Guiter est probablement « l’homme » providentiel à qui le sport automobile Français d’après guerre doit TOUT.

T O U T !!!

En effet, c’est François Guiter qui a complètement relancé la compétition automobile en France au milieu des années 60.

Dès 1967, à peine né, le Groupe pétrolier ELF, issu du rachat par l’entreprise ERAP du réseau CALTEX, l’avait chargé d’une sacrée mission :

Promouvoir son image avec la compétition !

Ce qui à l’époque n’était pas une mince affaire et loin d’être gagnée …

Jamais à court d’idées, François Guiter n’allait pas tarder à obtenir d’excellents résultats sportifs bien au- delà des souhaits et espérances de son patron, Jean Prada.

ELF

Ces trois lettres apparurent au grand public pour la toute première fois au cours de la nuit du 27 au 28 avril 1967.

François Guiter raconte dans le superbe ouvrage intitulé « Les Ronds Rouges arrivent » écrit par Jean Marc Chaillet aux Editions du Palmier :

« Depuis huit mois nous sommes dans les coulisses. Nous repérons, répétons, apprenons notre texte, essayons les costumes et réglons la mise en scène. Le moment est enfin venu de paraître sur la scène. Sur le terrain, les 3000 volontaires, selon leur ordre de mission, sont dans les stations services, prêts à mettre aux nouvelles couleurs et à aider gérants et pompistes. »

Et l’ami Guiter de poursuivre :

« Je suis resté au siège, rue Jean Nicot près de la Tour Eiffel. Il est vingt heures. La nuit la plus longue va commencer. Un état major est installé dans la salle du conseil. Douze lignes téléphoniques spéciales relient en permanence cet état major à douze PC régionaux. Lesquels sont eux-mêmes en liaison avec 95 sous PC. Un standard avec 30 standardistes est mis en place. Au mur, un immense tableau permet de suivre l’avancement des travaux en région. A 21 heures, le rideau se lève. On y est. Heure par heure est inscrit le nombre de stations qui deviennent ELF. Ca commence tout doucement. A 23 heures, tout s’accélère. Prada avec ses proches collaborateurs et les Présidents de Synergie et Havas, Henri Henault et Jacques Douce commencent un Tour de France en Mystère 20 pour encourager les troupes et visiter les grands moyens d’information pour qu’ils répercutent l’événement. A 1 heure du matin, l’opération est bouclée. Toutes les stations sont aux couleurs ELF. C’est allé beaucoup plus vite que prévu. La tension retombe d’un coup. Le champagne fait son apparition. Notre pari est gagné » .

La suite allait être une succession de réussites sportives. Toutes couronnées de succès !

Avec Alpine Renault, Matra et Renault.

Victoires au légendaire Rallye Monte Carlo. Au Championnat du Monde des Rallyes. Aux 24 Heures du Mans. Dans le Championnat du monde d’endurance. En Grand Prix. Avec en apothéose les titres de Champions du monde.

Et avec les pilotes tous soutenus par ELF, lesquels allaient TOUT gagner. En F3, F2 et F1. Et dans toutes les disciplines où ils participaient !

Grâce à ELF, sont apparus et ont tous fait de brillantes carrières, les Cevert, Depailler, Servoz Gavin, Pescarolo, Jaussaud, Tambay, Pironi, Streiff. Et tant d’autres dont celui qui fut le tout premier pilote Français à glaner la titre de Champion du monde de Formule 1, Alain Prost. Sans oublier bien sûr » le » pilote du renouveau, Jean- Pierre Beltoise.

Les années ont passé …

François Guiter ‘‘ homme de l’ombre ‘‘ mais tellement efficace près de trois décennies durant, continuait de fréquenter de temps à autres les événements !

Sûr qu’un certain dimanche 1er juillet en 1979, il a du ressentir une immense émotion, avec le triomphe de Jean Pierre Jabouille. Ce dernier, premier pilote tricolore à gagné le GP de France de F1 au volant d’une voiture, châssis et moteur, 100 % française, la Renault équipée de pneumatiques eux aussi Français, Michelin et ce sur le circuit français de Dijon- Prenois.

Et de nous remémorer le catalogue de l’histoire de sa formidable aventure avec ELF, ponctuée, on l’a dit et le répète d’innombrables victoires et titres Européens et mondiaux

Avec Alpine. Matra. Renault.

Sans oublier de rappeler les magnifiques carrières de certains de ses pilotes (Cevert – Depailler et Senna) trop tôt emportés par leur folle passion !

A propos du risque en course, l’ami Guiter, expliquait :

« En sport auto, il y avait un truc qui ne me plaisait pas. A l’époque ou ELF a débuté en compétition, il était dangereux d’être pilote. Beaucoup ont disparu dans des accidents. J’avais donc l’impression d’envoyer tous ces gars au casse pipe. Par rapport à mes activités passées, c’était incohérent. »

LES GRANDS DÉBUTS DE ELF ET LA CAMPAGNE DES RONDS ROUGES

Un jour que je lui demandais de m’expliquer l’origine de la présence ELF en compétition, François m’avait confié :
« Une fois la création et la campagne de communication de lancement de Elf, attention les ronds rouges arrivent, achevées, il nous fallait trouver un créneau pour communiquer. Après consultation interne, nous avons décidé de relancer la France dans le sport automobile et de lui faire retrouver les sommets. Nous avons entamé une démarche technique, de détection mais aussi de sponsoring et de communication avec de nombreux films, souvent récompensés. Nous avions une démarche assez violente. Pour réussir, nous n’hésitions pas à marcher sur la tête des autres. On ne nous aimait pas, au départ. Je me souviens qu’à Reims, nous avions loué un stand au circuit, qui était alors aux couleurs BP. On peint notre stand à nos couleurs Elf et le lendemain, il est de nouveau BP. Nous le remettons à nos couleurs et résistons au propriétaire. Au besoin, nous l’annonçons, nous engagerons des gens pour surveiller notre stand et décourager ceux qui voudraient le repeindre. Autre exemple : En Angleterre, nous nous sommes accrochés avec la BBC qui menaçait de ne pas retransmettre le GP si nous n’enlevions pas nos publicités sur les voitures de Tyrrell, nos autocollants comme ils disaient. Nous leur avons répondu, ‘’ok faites comme vous voulez , nous nous contenterons de la retransmission internationale. » Il fallait le faire, c’était la BBC en Angleterre. Un crime de lèse majesté ou presque.

SOUVENIR, SOUVENIR

« Comme événement marquant, je citerais le GP de Hollande à Zandvoort en 1968. Il s’agit de la première course que l’on a gagnée en F1, avec Jacky Stewart sur la Matra-Ford Cosworth. Depuis 14 ans, une équipe française ne s’était plus imposée en F1. J’étais tellement certain qu’on allait accrocher la victoire que j’avais déjà fait préparer une annonce. Le hic, je n’avais pas prévu le doublé. En effet, Jean Pierre Beltoise, sur la Matra à moteur MatraV12, s’est classé second ce jour-là. Il m’a fallu rajouter sa F1 à toute vitesse sur la campagne. Puis nous avons aussi participé activement au développement des caméras embarquées…quasiment incontournables et indispensables aujourd’hui dans toutes retransmissions ! »

A propos de moto, la aussi, le père François a innové et ELF a même réussi l’exploit s’il en est de vendre ses brevets à … HONDA !

Explications :

« Un autre épisode est important pour moi. Notre moto expérimentale, une moto révolutionnaire (La ELF X devenue ELF E à la demande de MICHELIN). Ingénieur chez Renault, encore à cette époque, Andre de Cortanze s’était cassé la jambe. Il en avait pour huit mois. Je lui dis alors : ‘’la moto a un siècle de retard, dessine moi donc un truc avec un siècle d’avance.’’’ Résultat, sur cette moto née en 1978, Honda nous a racheté 13 brevets. C’est simple, quand Soïchiro Honda, le patron, est venu à Paris en visite et qu’il a vu notre moto, il paraît qu’il a ensuite passé un savon à ses ingénieurs au japon. Il leur aurait dit : ‘’il faut que je vienne en France pour voir quelque chose d’intéressant sur une moto ! »

DES HOMMES….

« En sport auto, la partie technique, notamment en F1, est particulièrement excitante. Je me souviens avoir acheté un moteur Cosworth, avant que nous ne nous lancions en F1, pour l’étudier. tant sur le carburant, que sur l’huile. En F1, chaque année, nous proposions 100 carburants différents. Nous avons poussé pour le V6, le turbo….mais surtout, je dois dire que, dans ce milieu, j’ai rencontré des gens extraordinaires. Des patrons décidés et décideurs. Que ce soit chez Elf, Matra, Tyrrell, Renault… Des pilotes. Ah les pilotes. Sur les 1000 que nous avons fait courir, j’ai du avoir des soucis avec deux : l’un pour de l’argent, l’autre pour un choix d’orientation. Et avec notre école Elf au Ricard, nous avons amené 15 pilotes en F1. »

LE VOLANT ET PILOTE ELF

« Le premier pilote Elf à sortir de notre école : Patrick Tambay. Il aurait été Champion du monde si un kiné ne lui avait pas bousillé le dos… Ensuite, il y a eut Didier Pironi. Et bien après, Alain Prost. Notre école servait de détection. Dans un premier temps, il fallait terminer dans les 5, pour concourir à la finale qui attribuait le contrat. Prost, en service militaire en Allemagne à ce moment là, s’était arrangé pour finir 5éme. En réalité, en fait, il endormait ses adversaires, car le jour de la finale, il les a écrasés. Sa première année, en Formule Renault, il a gagné 11 courses sur 12. La 12éme son moteur a cassé ! En parlant de Prost, je dois aussi parler de Senna. Je me rappelle ses jours de victoire. Si je puis dire, pour son équipe, c’était terrible, car pas de temps à perdre, il fallait dès le GP fini, analyser la course. Jacky Stewart, avec qui je suis devenu ami, a souvent souligné le caractère dangereux de la F1 dans ces années là. Quand François Cevert est décédé, c’était trop pour lui. François devait lui succéder. François, il avait tout : la classe, l’intelligence. »

François ajoutant :

« Oui je peux le dire, j’ai rencontré des gens supers. Prenez Jean Claude Andruet. Sur un Tour Auto, à Nice, je l’attends pour le départ de sa voiture. Pas de Jean Claude. Le directeur de course s’impatiente et je vois Jean Claude arriver : “j’ai écrasé une mouette, je l’ai déposée chez le vétérinaire. Il faudra que j’appelle….” Ou encore Ragnotti qui lisait le journal au volant et soudain, faisait un 360° sur l’autoroute…..” »

ET DES FEMMES AUSSI…

« Cathy Muller a été, la seule femme lauréate du pilote Elf. En Formule Renault, les garçons lui ont mené la vie dure, en particulier deux frères pendant une course. A l’arrivée, elle les a attendu pour leur coller une paire de gifles royale à chacun. Quant à Michèle Mouton, c’est en lisant L’Equipe, que j’ai appris que son Alpine avait brûlé. J’ai demandé qu’on lui confie une auto et qu’on la sponsorise. En 1982, elle aurait dû être Championne du monde. Elle perd le titre lors de la dernière épreuve. Dans la nuit précédant la course, elle avait appris le décès de son père. Elle termine Vice championne, la meilleure place jamais obtenue par une femme.
Au Mans, en 1975, Marie Claude Beaumont et Lella Lombardi auraient pu gagner les 24 heures, sur leur Alpine, sans une erreur de calcul des ingénieurs, les faisant tomber en panne d’essence….. »

AUJOURD’HUI

« En matière de communication, je suis admiratif de ce qu’a réussi aujourd’hui Red Bull, une boisson énergétique. Avec Elf, nous avions lancé les films sur le sport auto, la réception des journalistes dans un motor home….

Pour la France, je trouve cela dommage que nous n’ayons plus de GP. De même, alors qu’une série électrique, la Formule E démarre, il faudrait que la France se manifeste . Pas de course au calendrier du 1er championnat du monde ! »

Bien que retraité depuis la fin des années 90, aujourd’hui encore, l’ancien patron du sponsoring chez le pétrolier ELF, ne manquait aucun GP. Et assez fréquemment, il assistait à des présentations de presse.

Il vivait retiré dans son appartement Parisien du quai de New-York, au pied du Trocadéro, face à la Tour Eiffel.

La derniére foiis que nous l’avons rencontré remonte au jeudi 12 décembre 2013, lors du lancement du livre sur les 40 ans d’ORECA.

Je n’oublierais JAMAIS qu’il m’a bien aidé au début de ma carriére, en m’invitant à suivre les Grands Prix lointains, peu nombreux à l’époque (Afrique du sud-Japon-Canada-USA à Watkins Glen et Long Beach)

François Guiter restera à tout JAMAIS comme l’HOMME qui a relancé le sport automobile Français à tous les niveaux…

Un MONUMENT, une CATHEDRALE